Data: assente
Mittente: Mussini Luigi
Luogo Mittente: Siena
Destinatario: Gatteaux Jacques Edouard
Luogo Destinatario: [Parigi]
Tipo Documento: Saggio
Trascrizione: Monsieur, dans la dernière lettre que vous me faisiez l’honneur de m’adresser, vous me posiez cette question: S’est-il opéré quelque changement dans la disposition de vos musées, et le contingent d’objets d’art fourni par la suppression des couvents est-il riche en oeuvres remarcables? Je ne demande pas mieux, monsieur, que vous parler de nos Musées en ce moment où il y a chez nous en cette branche de l’art une activitéet un progrés qu’il y a plaisir à constater. Aussi me permettrez-vous d’entrer dans quelques détails qui se rattachent plus ou moins directement au progrès de nos musées, et à la conservation des innombrables oeuvres d’art qui se trouvent disséminées sur le sol italien, même dans les villages et jusque dans les plus humbles hameaux. J’entre sans autre prèambule en matière. C’est en l’année 1866 qu’un dècret royal instituait dans tous les chef-lieux de province des Commissions consultives et conservatrices des Beaux-Arts, institution qui fonctionnait de longue date dans les villes de Sienne et de Lucques, où elle avait puissament contribué à la restauration des monuments, et à la conservation des oeuvres d’art si nombreuses en ces deux villes et leurs territoires. Ces commissions se partageaient en quatre sections: peinture, Sculpture, Architecture et Archéologie, composés de trois membres chacune. D’après un récent décret, les Commissions ne se compsent que de huit membres et un inspecteur, dont quatre npmmés par le Ministre de l’Instruction publique, les autres par le Conseil général et par le Conseil municipal. Le Préfet est le président de la Commission, sans voix délibérative. Toute restauration d’un monument, soit de l’État, soit municipal, soit de propriété privée, est du ressort de la Commission, ainsi que tout déplacement, toute restauration d’objets d’art existant dans les églises et autres lieux publics. Là où elles fonctionnent depuis longtemps, l’autorité de ces commissions est si bien étabile, que souvent des particuliers soumettent à leur approbation, sans y être tenus, des projets relatifs à la conservation d’oeuvres d’art existant dans l’intérieur de leurs propriétés. Il arrive aussi que tout infraction à la loi qui régit cette matière lui soit bientôt dénoncée, tant l’exercice de sa surveillance a pénétré la populaton du sentiment qui l’anime, et de l’objet de son institution. Mais comment les Commissions pourraient-elles exercer leur action tutélaire si leur contrôle n’avait pour point de départ la connaissance exacte des objets d’art existant dans le cercle de leur juridiction? Le réglement y a pourvu par l’article 11, qui charge les Commissions de rèdiger des inventaires complets de toutes les oeuvres d’art de leur province, soit qu’elles se trouvent dans les édifices publics sacrés et profanes, soit qu’elles soient publiquement exposées dans les édifices privés. Les inventaires de la province de sienne forment neuf gros volumes in-quarto. Tout y est notè, dimensions, valeur artistique, nom de l’auteur connu ou présumé, état de conservation, etc. Et chose importante, chaque inventaire a dû être signé par le dépositaire des objets d’art qui le composent. Voilà bien une mesure qui, si elle avait été prise depuis longtemps, eût barré le chemin à une foule de tableaux et des sculptures qui, en dépit de la loi, ont quitté à la sourdine églises et couvents pour passer la frontiére sans passe-port. La suppression des couvents à nécessairement donné de la besogne à nos Commissions. Mais il ne faut point s’éxagérer l’importance de cet événement au poit de vue qui nous occupe. L’article 24 de la loi de suppression dispose que «les livres et manuscripts, les documents scientifiques, les archives, les objets d’art, etc., qui se trouveront dans les édifices appartenant aux Corporations religieuses seront dévolus aux Bibliothèques publiques et aux Musées des provinces respectives, moyennant décret du Ministre des Cultes et accord préalable avec le Ministre de l’Instruction. Les tableaux, les statues, les meubles et ornements afférents au culte seront conservés à l’usage des églises où ils se trouvent». Or, les églises des Couvents ont été, presque sans exception, maitenues à l’usage du culte, et ce n’est que l’intérieur des Couvents et les sacristies qui ont donné leur appoint à nos Musées; appoint qui ne se composes pas des oeuvres les plus remarquables. Celles-ci étaient pour la plupart et restent dans les églises. Je tiens ici à faire mention d’une mesure importante prise par le Ministre de l’Instruction publique. Il a demandé aux Commissions locales une listes des Couvents de leur province qui, soit par le caractère monumental de l’édifice, soit par les fresques qui les décorent, méritent d’être classés à part comme monuments artistiques, et comme tels exclus de la vente et entretenus aux frais de l’État. On est heureux d’avoir de pareilles dispositions à louer, sourtout quand en d’autres brnaches de l’art on aurait de la peine à se procurer égale satisfaction. Dans un pays aussi décentralisé que le nôtre la mesure qui assigne à chaque province la jouissance, si ce n’est la propriété, des Biblioteques et objets d’art de ses Couvents n’a rien qui doive nous étonner. Tant de grandes villes, naguère capitales, tant de cités illustres où le souvenir de leur autonomie n’est pas éteint, se seraient vivement prononcées contre ce qu’elles eussent appelé une spoliation, si l’on avait songé à tout réunir à la capitale. Cela est si vrai, qu’il nous arrive même de rencontre une vive opposition de la part des représentants, maires ou conseillers municipaux de fort petite villes, qui invités à livrer au chef-lieu les objets d’art de leurs Couvents, n’osent se heurter à la susciptibilité de leurs administrés, et nous disent: « Permettez que nous nous abstenions de toute aprticipation à l’enlèvement d’objets d’art auxquels notre population est grandement attachée. Venz les chercher de par la loi, et n’oubliez pas d’avoir à portée le concours éventuel du gendarme». Il y en a qui ont proposé de créer un petit Musée au Palais municipal si l’on consentait à leur tout laisser. San Gemignano, dit aux belles tours, cette intéresante relique du moyen-âge, que peu d’artistes et de touristes oublient de visiter, où les Benozzo Gozzoli, les Ghirlandaio et d’autres maîtres ont laissé sur le mur des églises des fresques admirables, San Gemignano fait plus, et son Musée est depuis quelque temps organisé. Aussi a-t-il fallu tout concéder à San gemignano, et trensiger un peu avc d’autres petits villes presque aussi importantes aupoint de vue de l’art, telles que Montalcino et Montepulciano, non sans accorder l’hommage d’une certaine admiration au sentiment qui leur fait attacher une si grande importance à la propriété toute municipale de leurs objets d’arts. Si je m’arrête à ce qui s’est passé à Sienne, c’est que les même faits ont dû se répéter, à peu de chose près, dans les autres priovinces. Ce serait le moment de se demander si une grande capitale, absorbant tout, rassemblant en un seul faisceau tous les produits de l’intelligence, comme il en est de Paris, ce cerveau de la France, si en fin de compte une pareille centralisation serait en tout pays désirable, eu égard aux progrès intellectuels de la nation, Mais voilà une question trop ardue pour que je m’y aventure. Ella a été du reste souvent débattue. De tout ce qui précède il est aisé d’inférer que la suppression des Couvents ne saurait considérablement enrichir nos Musées. Mais avant de vous parler, Monsieur, de ce que les Galeries de Florence en ont hérité de plus marquant, permettez que je me crée la douce illusion de vous introduire un instant dans notre petite Galerie de l’Académie, afin de vous y faire observer un fait assez curieux qui a donné une valeur inattendue au modeste contingent qui nous est échu (une cinquantaine de pièces, dont un tiers d’aucune valeur). Il est d’ailleurs à présumer qu’il ne s’agit pas d’un fait isolé, et que, en Toscane surtout, il a dû se produire en diffèrents lieux. Personne n’ignore la grande fécondité des peintres des XIV et XV siècles, et natamment primitifs, -comme on les appelle-, qui ont dû, pour ainsi dire, multiplier leur activité créatrice pour suffire aux besoins infinis du culte, servi par une foi ardente er disposant de richesse inépuisables. Aussi eurent-ils à décorer de fond en comble les églises et les Couvents de leur fresques, et à les remplir de ces charmants triptyques à compartiments étagés, à édicules formant couronnement, à gradins, à piliers latéraux, le tout replendissant des plus suaves visions, noyées en une atmosphère d’or. Ce que l’on sait moins, c’est qu’après l’avénement de la Renaissance en Italie, et sourtout postérieurement, l’art de plus en plus matèrialiste, fier de ses conquêtes et de sa science, jeta plus que du discrédit sur les oeuvres de l’école primitive. Tandis que bon nombre de fresques de cette école, à commencer par celles de Giotto, étaient impitoyablement blanchies à la chaux, ses triptyques étaient assujettis à une autre espèce de dègradation. Descendus de leurs autels, où ils trônaient en forme de retable, pour faire palce aux grandes toiles des peintres que nous désignons Barocchi, on n’hésita guère à en séparer les compartiments pour les adapter à des usages secondaires, en passant des églises aux sacristies, aux couloirs, aux cellules des Monastères, et jusqu’aux maisons des paysans; en somme, de même que la famille de l’esclave était naguère brutalement partagée au gré des acquéreurs, les membres disloqués de ces malheureux triptyques s’en allaient cà et là dispersès, en butte aux plus barbares mutilations. Notre galerie, dont le principal intérèt est dans la nombreuse série des primitfs de l’école siennoise, est là pour tèmoigner de ces coupables manoeuvres par le nombre de ses triptyques dépareillés et mutilés. Eh bien! C’est parmi les nouveaux venus que nous avins eu l’agréable surprise de retrouver plus d’un fragment dont l’absence était le plus regrettèe. Il est même des fragments d’une même oeuvre qui nous arrivent de différents lieux, membres épars évoqués par la trompette d’un jugement dernier d’une nouvelle espèce. Aussi s’est-on empressé de rajuster ces mebres d’un même corps et de les rappeler à une nouvelle existence. Les Galeries et les Musées de Florence, toute proportion gardée, ont tout aussi peu recueilli de l’héritage des Couvents. La Galerie des Offices compte néanmois parmi ses acquisitions un Cosimo Rosselli, un Mainardi, un Pesello, un Baccio Ubertini, une Annonciation atribuée à Léonard, cinq tableaux de Lorenzo Monaco, et les deux beaux reliquaires de la sacristie de Sainte-Marie-Nouvelle, peint par Beato Angelico. Mais les collections deFlorence se recrutent à bien d’autres sources, et depuis 1864 elles n’ont pas cessé de s’enrichir par d’importantes acquisitions. Sans compter les bronzes et les terres cuites dont la Société Colombaria a fait don au Musée étrusque, les fouilles de Montecchio en Val di Chiana lui ont fourni bon nombre d’ustensiles et statuettes, tandis que des monnaies étrusques et grecques ont comblés des lacunes des Musée numismatiques, qui s’est en outre enrichi de plusieurs oes-graves d’une grande importance. L’un des objets les plus remarquables est une armure complète en bronze provenant d’une nécropole d’Orvieto. Elle se compose d’un casque très-bien conservé, affectant la forme ovoïde de la tiare,a vec un simple rebord frontal et des jugulaires; d’une double cuirasse mammelière et dossière que l’on dirait, de même que les Jambards, modelée avec un soin extrème d’après le corps nu qui devait la revètir; et d’un bouclier parfaitement rond, légèrement convexe, et ayant 92 centimètres de diamètre. Toutes ces pièeces son d’un tarvail exquis et présentent de nombreuses traces de dorure. Mais de tous les monuments de l’Art étrusque dont ce Musée s’est récemment enrichi, le plus important est sans aucune doute le magnifique sarcophage que l’État vient d’acheter à M. Casuccini, qui en autmme dernier eut la bonne fortune de dcouvrir dans une de ses terres, à un kilomètre de Chiusi, un tombeau de six chambres, dont l’une parfaitement intacte et inexplorée. C’est là que gisait depuis plus de vingt siècles ce merveilleux sarcophage en terre cuite artistement colorié. Il mesure en longueur 1, 64 mètres en hauteur o, 62 mètres. La face antérieure se partage en quatre compartiments à rosettes plastiques s’enlevant sur un fond rouge foncé. Mais puis-je m’attarder à en décreire en détail la décoration, lorsque le regard en est nécessairement distrait par la vue de cette jeune femme au regard expressif et quelque peu attristé qui, couchée sur un cercueil, appuyée sur un double coussin, est vêtue avec une recherche qui atteste sa qualité aristocratique? De sa main gauche elle tient néglimment un miroir bleu aux ornements couleur d’or. Sa main droite soulève le manteau aux plis souples dont elle drapèe de la tête aux pieds. Elle est pâle, mais d’un pâleur délicate qui rehausse l’éclat ce ses grands yeux noirs mélancoliques. L’inscription nous le dit: c’est Larthia, de la noble famille des Séjans, de ce Séjan, proefectus proetorio de Tibère, que nous savons originaire d’Etrurie. L’as romain trouvé près du squelette (bientôt tombé en poudre) appartient au systeème uncial introsuit en l’année 217 avant Jésus-Christ. Le sarcophage et les objets de toilette en argent répandus à l’entour ne sont donc pas antérieurs à cette date. A l’intérêt artistique se joint ici au plus haut degré l’intérêt scientifique. L’art grec et romain sacrifiait aux lois de l’estetique les détails réels du costume qu’il n’hésitait point ò simplifier. Les reinsegnements qu’il nous refuse à cet égard, l’art étrusque nous les fournit presque toujours. Le merveilleux monument que le tombeau de Chiusi nous a conservé tient désormais à ce point de vue une des premières places. Tous les moindres détails du vêtement et des ornaments y sont exactement reproduits par la plastique et la peinture. Ce vêtement se compose d’un manteau et de deux tuniques blanches. La tunica superior est ornèe, sur les côtès, de trois bandes, une bande verte centrale et deux violacées. Cette tunique, ouverte sur la poitrine, laisse voir la tunica interior bordée d’un ourlet vert. Une large bande violette à liserés vertes borde le manteau. Les pieds mignons de Larthia Séjana portent des bas violacés qui ne laissent à découvert que les trois doigts du milieu, et des sandales à courroies d’un vert pâle ornèes des boutons couleur d’or. Sa taille fine est serré par une ceinture également d’or décorée de disques enrichis d’une pierre fine rouge, rubis ou grenat, et d’emblèmes de la foudre de Jupiter. Une demi-couronne de fleurs en forme de diadème encadre son joli visage. Cette couronne est couleur d’or ainsi que le colleir, les bracelets, les boucles d’oreilles et le bijou à tête de Meduse qui boutonne la tunique. Sa main gauche port cinq bagues, à l’une desquelles s’ajuste un petite clef, celle apparemment de son écrin. Des deux coussins sur lesquels elle s’appuie, l’un est jaune à bandes rouges, l’autre violacé à bandes blances. Les longues franges jaunes et violacèes et qui en descendent sont travaillées avec une liberte, une hardiesse dont l’art antiwue n’offre point d’autre exemple. « Enfin il s’agit là d’une découverte – c’est l’avis du savant archéologue W. Helbig – par laquelle l’étude de l’art libre étrusque pourra faire de gigantesques progrès » -. Mais il est temps de nous séparer de cette charmante Larthia Séjana, et de ce Musée étrusque à l’inauguration duquel la Ministre de l’Instruction publique, M. Correnti, présidait le 12 mars 1871 à l’ancien Monastère de Foligno, à côté du Musée égyptien. C’est en l’année 1866 que l’on songea à utiliser le curieux corridor construit par Vasari en 1564. Ce corridor, traversant l’Arno sur le Ponte Vecchio, met en communication le Palais Pitti et sa Galeir avec celle des Offices et avec le Palazzo Vecchio, aujourd’hui Palais municipal. Dès lors ce passage a été ouvert au public, et les visiteurs peuvent se rendre de l’une à l’autre Galerie en narguant les intempéries de l’hiver et de la canicule, tou en s’oubliant à chaque pas devant les merveilles de l’art. C’est là que vous retient d’abord cette riche collection de dessins des grandes Maîtres, où ils ont tout l’air de vouloir vous révéler le secret de leur sciences et de leur génie. Plus loin, comme pour apaiser votre émotion et reposer votre esprit, une longue série d’anciennes tapisseries françaises, flamandes et florentines, flatte agréablement la vue, et vous permet d’avancer d’un pas moins lent vers les chefs-d’oeuvre qui vous attendent au bout de ce trait d’unino d’un bon kilomètre. Toutefois Bartolomeo Ligozzi vous retient encore, et captive votre attention avec ses gouaches, où la reproduction d’un grand nombre de plantes, de fleurs et d’animaux vous fait l’effet d’une gageure que l’artiste aurait soutenue et gagnée contre ses modèles. Une annexe de ce corridor a été affecté aux estampes dont la riche collection avait été jusq’alors trop bine gardée en ses cartons. Permettez, monsieur, qu’au risque de par trop dépasser les limites dune simple lettre, je vous dise un mot des Musées de San Marco et du Bargelloi. Institués depuis une quinzaine d’annés, je n’en risque pas une menue description qui n’apprendrait rien à plus d’un de vos lecteurs; mais il en est sans doute beaucoup qui ne sauraient s’accomoder d’un silence complet. Ce couvent de Saint-Marc, si plein de souvenirs de Beato Angelico, de Fra Bartolomeo, de Côme père de la patrie, de Sant’Antonino archevêque de Florence, et de cette grande figure de Savonarola...ces couloirs, ces cellules, ce chapitre décorés des fresques du Beato et d’autres peintres dominicains...n’y avait-il pas là tous les éléments d’un Musée sui generis, où tout ce qui se rattache à de tels souvenirs avait sa place marquée d’avance? C’est ainsi que dans la grande salle de la Bibliothèque sont allés se ranger sur un dpuble pupitre à vitres les livres de choeur dont les précieuses miniatures sont pour la plupart dues aux miniaturistes de l’Ordre, et que les manuscrits autographes de Savonarola, après trois siècles et demi, sont rentrés en cette cellule où la main du réformateur les traçait avec la foi ardente et le farouche patritisme qui devaient le mener au bûcher. Une buste de savonarola dècore son petit oratoire. C’est une terre cuite imitant fort bien la manière des sculpteurs fiorentins du XV siècle; elle est l’oeuvre de Bastianini, jeune artiste d’un talent remarquable, et si l’on ne peut déplorer l’emploi qu’il en faisait en des contrefaçons que lui demandaient des spéculateurs peu scrupuleux, vèritables trompe-l’oeil qui mettaient en défaut les plus fins connaisseurs, on est d’autant plus porté a regretter que la mort l’ait arrêté au seuil d’une nouvelle phase de sa carrière, où son talent allait s’affirmer d’une façon plus digne et plus personelle. Le Couvent de Saint-Marc, «l’un des plus riches du monde en glorieux souvenir», selon le mot parfaitement vrai de monsieur Rio, se trouve ainsi transformè en un musée qui, par le triple attrait de l’art, de l’histoire, et d’un certain prestige poétique, n’a certes pas son égal. Le Musée du Palais du Podestat, dit aussi le Bargello, ne cesse de recevoir d’importantes additions. C’est bien en cet ancien édifice, auquel Arnolfo donnait une si sombre et fière tournure, que devait s’établir un Musée du moyen-âge; et c’est avec le plus heureux à-propos qu’il fut inauguré lors de la fête sèculaire de Date Alighieri célébrée à Florence au mois de mai 1865. Inutile de rappeler le portrait d’Alighieri découvert il y a une trentaine d’années sur une paroi de l’ancienne Chapelle du Bargello, et attribué à Giotto. Je ne m’arrête pas, Monsieur, à énumérer les différentes collections réunies au Palais du Podestat, à présenter Musée National, ni à vous décrire la remarquable restauration de ce monument, due à messieurs Mazzei er Bianchi, deux noms qui sont déjà revenus sous ma plûmee lorsque je me suis plu, ici-même, à passer en revue ce que leur doivent les restaurations si importantes et si bien conçues de l’église de Santa Croce. –Mais je ne saurais me dispenser de vous signaler le riche collection qui fut inaugurée dans une salle de ce Musée le prémier octobre 1873. Cette collection, qui compte près de 1500 sceaux et cachets du moyen- âge, offre aux investigations et aux progrès de la sphragistique des éleéments d’une rareté et d’une importance exceptionnelles. Sa parfaite ordonnance a coûté une année de soins assidus au savant Père Pellegrino Tonini, qui est parvenu à rendre faciles toutes les recherche des savants. C’est bien plutôt la longueur de cette lettre que le défaut de matiére qui me fait déposer la plûme. Glisser et n’appuyer sur rien, c’est tout ce que comportait mon programme, et vous ne m’en voudrez pas, monsieur, de ne pas avoir essayé de le dépasser.
Collocazione: Copialettere, collezione privata
Bibliografia: L’Art 1878, pp. 69-70, 91-92; Mussini 1880, pp. 188-201